28.9.09

L'homme à la bouée

On ne connait pas grand chose de cet artiste qui habille les murs du 20ème arrondissement avec des collages sur lesquels sont peints un baigneur, un homme avec une bouée rouge et blanche. On ne sait pas bien comment les appeler, "le baigneur", "l'homme à la bouée" ? Il semblerait que l'artiste colleur les appellerait les "gugusses". Quel que soit son nom et celui de l'artiste, c'est toujours le même type de personnage qui est représenté, dans des attitudes différentes ! Ses expressions et ses traits varient également.













Les promeneurs et habitants des 19ème et 20ème arrondissements, rencontrent souvent cet homme "habillé" d'une simple bouée, seul la plupart du temps. Mais on le découvre parfois jouant à "saute bouée" avec un autre personnage ou encore coincé dans sa bouée avec deux autres hommes, aux expressions très diverses. Et puis avec toute une famille d'hommes bouées, quatre debout, un autre accroupi, regardant le ciel.












Tantôt il a la tête dans le mur, tantôt les oreilles au coin de la rue, au bord du mur comme pour mieux entendre les passants se questionner, s'émerveiller et les appareils photos se déclencher ! Il semble aussi, parfois, nous observer et nous interroger. En tout cas, il éveille la curiosité et la sympathie !











Certains collages peuvent être de petite taille, parfois il faut lever les yeux pour qu'ils vous apparaissent perchés, près des arbres et plus près du ciel.









On découvre souvent les autres jouant avec le mobilier urbain, et près des plaques de rues.









Et le seul collage de "l'homme à la bouée" sans sa bouée...





Billet et pix by Tat

Le pool flickr de "l'homme à la bouée"

21.9.09

Thalys, un train pas comme les autres ?

Thalys, le TGV qui relie en quelques heures Paris/Bruxelles/Amsterdam/Cologne, a réalisé une opération très particulière ce 15 septembre : l'entreprise à laissé carte blanche à quatre graffeurs pour recouvrir quatre rames d'un Thalys qui a effectué son premier voyage customisé le soir même.
L'événement a eu lieu sur un quai de la Gare du Nord, tout du long tapissé de rouge pour l'occasion, en présence des responsable du Thalys et de journalistes accrédités (sauf nous, on s'est faufilé!). Cette opération de communication a été voulue pour lancer la nouvelle connexion qui reliera désormais Paris à Cologne en 3h15 top chrono. Et pour le symbole, la performance des graffeurs devait être exécutée en 3h15 top chrono également...

Les graffeurs invités n'étaient pas les moins connus et chacun d'entre eux était censé représenté un des quatre pays traversés par ce train. Ainsi, la performance a réuni le hollandais ZEDZ, le belge SOZYONE, l'allemand SEAK et le françaismaisaméricainenvrai JONONE.

Wagon JONONE & co

(pix Thias)

Wagon SEAK

(pix Thias)

Wagon SOZYONE

(pix Thias)

Wagon ZEDZ

(pix Thias)

Ambiance

(pix Photograff92)

Bizarrement, Thalys a choisi JONONE, l'américain de Paris, pour représenter la scène graffiti française. Ce dernier a détourné la commande initiale en invitant quelques collègues à peindre avec lui sur "son" wagon. Qui s'est fini dans une ambiance de blazes et de flops colorés à l'ancienne...

JONONE 156

(pix Tat)

NUNCA

(pix Thias)

OPAK

(pix Thias)


(pix Thias)

PRO, JONONE, NUNCA, OPAK

(pix Thias)

A la suite de JONONE, l'allemand SEAK avait droit au wagon bar, le plus long du train. SEAK, une bombe dans chaque main, a réussi la performance dans le timing en reprenant le fond existant du Thalys... et en gardant une bonne humeur évidente tout au long du show.

SEAK et JONONE

(pix Photograff92)

Ses formes sortent tout droit d'un film de science fiction, comme s'il avait posé des effets spéciaux sur le train, un espèce de vaisseau spatial à la vitesse du TGV.

SEAK

(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Tat)

Le belge SOZYONE a presque découpé son wagon en deux parties à moitié symétrique. Des ensembles d'aplats de couleurs recouvrent les parois du train où les vitres et les hublots deviennent les yeux de sa pièce. L'influence de l'art contemporain n'est pas loin...

SOZYONE en session interview

(pix Photograff92)

SOZYONE

(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Tat)

Dans un esprit qui reste contemporain, ZEDZ travaille plutôt les lignes, les matrices, les réseaux qui s'imbriquent dans une toile technologique à grande vitesse. Thalys y verra nos vies de voyageurs modernes, mais chacun peut y déceler les interconnexions qui lui sont propres, les espaces et les facettes qui se côtoient sans fusionner, le vide des interstices qui les séparent...

ZEDZ en action

(pix Photograff92)

ZEDZ

(pix Tat)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)


(pix Thias)

Ce Thalys ne ressemble plus en rien aux autres trains. Il est unique et circulera quelques années ainsi, du moins jusqu'à ce que le vent, la pluie et l'usure naturelle le "nettoie". Un mode de nettoyage qui reste plus souple qu'à l'habitude...

Car cette opération peut apparaître comme contradictoire, voire "faux-cul" pour certains qui se rappellent que la SNCF nettoie sans cesse ses trains graffés et, surtout, est engagée comme plaignant dans des procès contre des graffeurs. Demain, le 23 septembre, sera prononcé le verdict d'un procès en appel contre près de 60 graffeurs au Tribunal de Versailles. Cette affaire dure depuis plusieurs années et il y a peu de chance que des acquittements soient prononcés. Si les peines ne risquent pas d'être fermes, les amendes, calculées à partir des frais engagés par le plaignant pour le nettoyage, risquent en revanche d'être très lourdes (le préjudice demandé est de plus d'un million et demi d'euro).

Vu le contexte, certains s'interrogent sur la démarche du Thalys, entreprise dont 62% du capital appartient à la SNCF. Pour le graffeur parisien FINT, "leur position n'est vraiment pas clair. Comment peuvent-ils d'un coté affirmer que 'de la peinture sur un train est un délit' et de l'autre s'en servir pour faire leur pub ?"
Sur les forums de graffiti, les réactions sont identiques : "Comment la SNCF peut-elle demander des amendes de dingues à certains et en inviter d'autres à faire une performance sur un train ?" / "On voit que la SNCF n'a pas peur du graffiti quand il s'agit de faire de la pub" / "Ceux qui payent des milliers voire des centaines de milliers d'euros d'amendes pour avoir fait des trains, et à qui on a dû dire devant le tribunal 'un train c'est pas fait pour être peint' doivent bien faire la gueule..."
La situation devient d'autant plus ambiguë quand on sait qu'OPAK, un des invités surprise de JONONE, fait parti des graffeurs en appel au procès de Versailles...

Thalys whole car

(pix Thias)

Le Thalys en mouvement en gare de Bruxelles

Graffiti on the Thalys from Raphael on Vimeo.

Reportage à Garde du Nord et interview du grand chef du Thalys


Au-delà de l'opération de communication, assiste-t-on à un changement d'opinion des équipes dirigeantes de la SNCF vis-à-vis d'un certain type de graffiti (le légal) ? Ou faut-il y voir une stratégie délibérée de l'entreprise dans le cadre de son plan anti-graffiti ?
Si certains d'entre vous ont une réflexion là-dessus, les coms sont ouvertes...

Billet by Thias. Pix by Thias, Tat et Photograff92 (merci vr)
Autres photos du Thalys chez Photograff92, Urbanartcore ou GraffitiArt
Plus d'infos sur les procès SNCF/graffiti
Le site de JONONE
Le site de SEAK
Le site de SOZYONE
Le site de ZEDZ

14.9.09

Leïdyleï "C'est à coups de pressions que je vis ma passion"



(pix Leï)


Leïdyleï je vous en ai déjà parlé ici. C’est d’abord la découverte d’un monde merveilleux sur les murs, puis une rencontre avec une femme qui sort du lot, tout comme son univers mural !!! C’est toujours un plaisir de découvrir, sur un mur, une porte, ou sur toiles, lors d’expositions, son travail, sa créativité, ses couleurs. Également, un plaisir de partager un moment autour d’un café/coca ;) Extrait d’une conversation entre deux passionnées….


* En quelques mots, qui es-tu ?


Je m’appelle Leïla, je suis maquilleuse et artiste peintre. Je peins avec tous les supports, des bombes, des pinceaux et sur tous supports, du corps au décor en passant par les murs. Je viens d’un p’tit bled de Picardie et suis arrivée à l’âge de 17 ans à Paris pour faire des études d’esthétique.


* D'où vient ton nom Leïdyleï ?


Leïdyleï c’est avant tout une marque que j’ai déposée pour mes bijoux. Leïdyleï parce que je m’appelle Leïla dit Leï. « dy », c’est un p’tit big up à ma sœur Yasmina et leï encore parce que dans le graff on dit souvent Lady machin. Loin d’être une Lady, je pose Leïdyleï, tout simplement.





Mur et porte - Bagnolet (pix Tat)

* Quelles sont tes influences artistiques ?


J’ai du mal à dire que je me suis inspirée d’autres artistes… c’est la création qui me motive avant tout. La peinture sur corps m’a amenée à la peinture sur toile et après la bombe de peinture. C’est une passion avant tout de peindre, de mettre de la couleur partout !

J’ai toujours dessiné, déjà toute jeune. J’aimais bien Giger, Dali et Klimt. Les couleurs de Dali, tous ses bleus me plaisent beaucoup. À une époque je faisais des reproductions de Dali, sur les toits de Paris, je peignais avec de la peinture de maquillage, je n’avais pas encore d’acrylique. J’aime aussi ses montres molles. Dans la peinture j’aime bien les trucs qui dégoulinent… les cascades, tous ces trucs-là, j’aime quand il y a de la matière.

Et mon inspiration, à l’époque, c’étaient les fleurs ! J’ai toujours été attirée par les fleurs, les pots de fleurs, les compositions florales. Je travaillais beaucoup aux crayons de couleurs, une matière que j’aimais. En fait, j’ai toujours dessiné, beaucoup écrit aussi. Mais le dessin me faisait voyager. Maintenant je n’ai plus le temps, mais ça reviendra.

Dans le milieu du graffiti, je me documente, mais je retiens très difficilement les noms des artistes. J’apprécie plein de choses, mais pas de coup de cœur pour un artiste en particulier, ni d’influences de ce coté là.





Leïdyleï (pix Tat)




Oeil de Leïdyleï (pix Leï)

* Tu as commencé par le maquillage. Quelle formation as-tu ?


J’ai travaillé dans la boutique « Make up for ever ». En parallèle, j’ai beaucoup servi de modèle à Dany Sanz, en maquillage, peinture sur corps pour des défilés, des examens. Elle m’a tout appris ; j’avais le toucher et le conseil. Ensuite, j’ai fait l’école « Forum Make cup » pendant un an pour valider mes compétences. Aussi j’ai fait le championnat de France de maquillage et suis arrivée première.

J’ai toujours voulu être maquilleuse, déjà petite je m’amusais à me peindre sur le corps en retirant les mines des stylos-feutres !




Maquillage sur corps (pix Leï)

* Comment es-tu passée du pinceau aux bombes ?


La bombe, c’est venu il y a 13 ans environ… Quand j’ai découvert la bombe, ça a été un truc magique !!! J’ai piqué des bombes à des graffeurs, j’avoue, et j’ai commencé sur la terrasse du jardin, dans mon coin. Au début, je voulais faire des p’tits trucs, parce que dans le maquillage on est dans le minutieux, et je me suis vite rendu compte que ça servait à rien de vouloir faire du petit avec une bombe. C’est là la magie de la bombe, tu peux faire des trucs énormes !! Ah... si on pouvait avoir des grands murs, grands, grands…

J’aime bien les statues africaines et les penseurs…Le premier truc que j’ai posé c’était un « penseur », une grande fleur de lotus et un énorme papillon. J’ai passé du temps sur le mur avant de sortir un truc, ça ressemblait à quelque chose, mais ce n’était pas ce que je voulais. Et puis tu persévères, tu écoutes… Pour moi la bombe de peinture, c’est l’écoute... tu écoutes... tu écoutes le jet et en écoutant bien, tu fais ce que tu veux.




Leïdyleï & l'RdeRien (pix Tat)




Leïdyleï, Jow-L & l'R2Rien (pix Tat)

* Comment as-tu commencé dans la rue ?


J’ai commencé à Bagnolet, dans le 93, il y avait un stage de graff (mais je n’avais pas eu l’impression d’avoir appris grand-chose ;/) j’ai peint sur un grand mur, une grosse fleur de lotus, avec un Yin et un Yang à l’intérieur. Et après j’ai eu envie de peindre encore et encore…





Leï et Jow-L (pix Tat)


Mais les murs, la rue, c’est un risque aussi… J’pense que j’ai eu beaucoup de chance jusque maintenant. Par exemple, devant chez moi, il y a huit colonnes. J’ai peint une colonne en bleu, avec un papillon, des bulles. À peine finies, une patrouille de police est arrivée. Ils m’ont demandé si j’avais l’autorisation, je leur ai dit que non, que j’habitais là, mais que je m’arrêtais là, que je ne ferai pas les autres. Et là un des flics s’est reculé, m’a souri et m’a dit qu’il m’autorisait à faire les huit colonnes ?!!! J’en ai fait 7 sur 8 (aux habitants de me fournir les bombes s’ils veulent la 8e ;p)



Colonnes Bagnolet (pix Tat)



Colonnes Bagnolet (pix Thias)


Sinon quand je n’ai pas mes enfants, vous pouvez voir, parfois, des papillons dans les rues, c’est la seule chose que je fasse de non autorisée, ou aussi, mettre un papillon sur un mur où il y a une insulte ou un message politique (on est déjà suffisamment agressés par les pubs, un peu de poésie ne fait pas de mal ). Mais le vandale avec des enfants, je ne préfère pas, c’est pour ça que je dis toujours que je serais une mamie tagueuse ;) et là j’utiliserais du pochoir, mais on n’y est pas !





Papillons Leïdyleï (pix Tat)

* Comment as-tu été acceptée ans le monde du graffiti ?


Franchement ??? Franchement c’est super difficile ! J’adore le milieu du graffiti, l’ambiance, le son, être avec du monde, dehors, voir les gens, mais les gens ils ne t’y invitent jamais ! C’est vachement fermé, je ne sais pas, je me sens mise à l’écart, alors que l’on pourrait faire tellement de choses ensemble. Je ne sais pas si c’est parce que je suis une femme ou si c’est parce que je n’ose pas m’imposer ; je montre que je suis là, mais je ne vais pas dire à l’autre « bon allez, là on peint ». Et puis ce n’est pas évident non plus de se mélanger sur un mur…. même à trois, avec Jow.L et l’R2Rien, alors qu’on a l’habitude de poser ensemble. Jusqu’à la peinture « Culture », on posait chacun son p’tit bout d’univers ensemble, et cette fois-à, c’est comme s’il y avait presque qu’une seule personne qui avait peint, on a bien fusionné. Je suis rentrée dedans, parce qu’excusez- moi mais faut oser rentrer dedans (dans la peinture de l’autre) !!!

J’trouve que c’est un milieu bien clos et bien macho quand on est une p’tite meuf et qu’on a plein d’envies. Ce n’est pas toujours simple d’aller vers les autres, une bande de mecs de surcroît. Mais en même temps, on se demande s’ils n’ont pas peur… J’sais pas peur qu’on fasse aussi bien qu’eux par exemple ;)





Leidyleï en action (pix Leï)



CULTURE - Leïdyleï, Jow.L & R2Rien - Détails (pix Tat)



CULTURE - Fresque Leïdyleï, Jow.L & R2Rien (pix Tat)

* Tu peins seule ou avec d'autres graffeurs ?


Je peins avec Jow.L, une personne qui m’a bien motivée. Parce que quand j’ai démarré, personne ne me disait quoique ce soit. Je voyais mes images se diffuser mais sans plus. Et Jow.L est la première personne à m’avoir dit que ce que je faisais était bien, forcément, ça donne envie de continuer. Dès que l’on s’est rencontrés on a fait plein de déco ensemble (le store du café de Miguel, à Bagnolet, une ambiance cascade de jus de fruits, un arc en ciel et de l’autre côté un énorme soleil) et plein d’autres murs. Et aussi avec l’R2Rien, on se fait quelques sessions à trois !







Fresque Leïdyleï, Jow.L & l'R2Rien (pix Chrixcel)


Mais là, j’ai aussi envie de peindre avec d’autres. Qui veut bien peindre avec moi est le bienvenu, si on peut se mélanger artistiquement, c’est bien, un peu de mixité, de mélange, plein d’autres choses… Je suis timide, donc l’appel est lancé ;)





Fresque Leïdyleï, Jow.L & R2Rien (pix Tat)


Fresque Leï, Jow.L & R2Rien (pix Thias)

* Quelle sensation, ressentis as-tu lorsque tu graffes et après la réalisation de l'oeuvre ?


Quand je graff, dehors, c’est une sensation de grande liberté et un échange. Et puis j’assimile ça au « speed ».

Quand je vais faire un mur je n’ai pas de sketchs, je le fait à l’instinct, selon comment je me sens et selon avec qui je suis. J’ai écrit « C’est d’un coup de pression que je vis ma passion ». Quand il y a un clash avec quelqu’un ou dans ma vie, y a rien de prévu, hop j’y vais, je me mets à la peinture.

Je peins par pulsions, par « coup de vénère » sur les murs. J’envoie tout balader, je sors et je peins sur un mur ! C’est un peu un coup de gueule qui me permet de m’évader, de revendiquer (mais du positif), de dire que j’existe ! Et si je n’ai pas de mur, j’ai toujours ma terrasse ;)





(pix Tat)



Dans la cour du jardin (pix Tat)


Quand je peins mes toiles, là je me mets carrément à poils ! Quand je fais une toile, je mets tout, tout dedans !


Il y a des trucs qui sortent tout seuls et je ne le réalise pas toujours, ce sont les autres qui m’ouvrent les yeux sur les symboles que l’on retrouve dans mes toiles, lorsque les gens me connaissent. Quand je peins j’exorcise des choses sans m’en rendre compte, et je peins beaucoup la nuit, l’ambiance de la nuit me parle, me permet de me dévoiler plus sur les toiles.

Aussi j’aime peindre avec de la lumière fluo, des paillettes, ça brille avec de la lumière noire !





Toiles (pix Tat)



Toiles (lumière noire) (pix Leï)


Et que ce soit sur un mur ou sur une toile, je ne peux pas dire quand c’est fini car, pour moi, ce n’est jamais fini… Ça pourrait toujours continuer. Mais quand c’est abouti, j’éprouve toujours une grande joie, je me dis souvent « c’est chanmé, vivement le prochain » !



*Le fait de savoir que tes peintures murales sont éphémères ne te gène pas ?


Non, ça a même un côté magique. Sauf le fait de faire repasser par des p’tits cons alors que tu viens de faire un travail (un store par exemple) bah ça fout les nerfs !! T’as envie de leur dire d’aller pisser plus loin, de ne pas me faire pipi dessus. Je ne te veux pas de mal mais respect tout simplement !


(Ça veut dire que tu ne repasserais jamais quelqu’un ?)


Si j’ai repassé des gens qui m’avaient repassé ! J’avais fait un grand mur, une fresque avec Jow.L on y avait passé tout l’après midi, elle a duré deux jours... ça fait mal au cœur ! À ce moment j’étais en mode vénère, je suis repassée sur le mur et j’ai peint un gros œil avec un monde magique dans l’iris, avec des fées. Et ce que j’ai voulu lui dire au mec c’est que, qui que tu sois, tu pourras toujours me repasser, au fond de mon œil y aura toujours un monde magique et féerique!




Leïdyleï & Jow.L (pix Tat)


* Quelle est ta démarche artistique ?


Ma démarche c’est l’art de métamorphoser tous supports. J’ai créé, le « make up art », du corps au décor. Le corps ça relie la beauté (maquillage et coiffure) et l’artistique (tatouage, peinture sur corps, onglerie). Le décor, il y a les stores, les murs, les meubles, etc.…


Dans la rue, j’aimerais faire rêver les gens.

J’apprécie lorsqu’il y a une interaction entre les gens et moi quand je peins, savoir ce que cela leur évoque, demander aux enfants de quelle couleur ils veulent le papillon ; mélanger tous les âges, toucher tout le monde me tient à cœur !

Le public il t’apporte que du bon !!! Une fois j’étais en train de faire un store et une vieille femme est passée en m’insultant, parce qu’en plus d’être une fille, une jeune, je suis beurette… Là, je suis descendue de mon escabeau, je l’ai prise par la main, et sur le trottoir d’en face, je lui ai demandé de regarder. Là, elle m’a dit que c’était joli ! Et bien ça j’trouve que c’est une réussite ! Et en général je n’ai que des bons retours, les gens aiment mon travail. Le graff est un bon moyen d’échanges, de voir les gens, de leur parler, de s’ouvrir à autre chose.





Peinture sur corps (pix Leï)



Animation maquillage et custumisation de chapeaux Leï 2006 (pix Leï)



Papillons (pix Tat)



Porte (pix Thias)



Arbres - Fresque Leïdyleï (pix Tat)

* Tu as un atelier, avec beaucoup de toiles de différents formats. On y retrouve souvent le thème de la femme et de la Nature...


(J’ai un atelier chez moi où je fais mes toiles, mais je trouve que je passe plus de temps à ranger et nettoyer, qu’à créer ! Donc je cherche un atelier parce qu’au fond, chez toi, tu ne peux pas te lâcher, on a besoin d’espace !)


La femme c’est parce que je revendique d’être une femme ;) Aussi d’être un peu en opposition avec mon éducation très stricte au niveau de la différence entre les hommes et les femmes. Les maghrébins sont très durs avec La Femme.

Je me bats beaucoup pour le droit de la femme, il y a une telle différence encore aujourd’hui… Regardez : une journée pour les droits de la femme…. une journée ??!!!! Pfffff c’est ridicule !!

J’avais fait une série, en revenant du Sénégal, de 4 toiles sur la femme ; c’est la vie. La femme enceinte, celle qui allaite, celle qui porte (le mouvement) et la dernière avec une canne. Il y a d’autre série sur les femmes, avec de la calligraphie arabe, mais je ne suis pas encore prête à les montrer, je les pense trop provoc’ !




Toiles (pix Tat)


La Nature, c’est mon amour pour la campagne. J’viens d’un p’tit bled de fachos dans le fin fond de la campagne picarde, mais y avait des arbres, des fleurs, du grand air !!! À 17 ans, j’ai débarqué à Paris pour la première fois et je me suis pris une bouffée d’air pourri ! À Paris, on vit à l’inverse de la Nature ; des tours poussent et l’on construit des arbres… C’est pour ça que j’aime mettre de la verdure, de la Nature dans mes peintures et de la féerie aussi.




Toile (pix Tat)

* Ton mur idéal ?


Un grand mur blanc…. Très haut ; étroit et en longueur (pour mes arbres ;p)… Plutôt lisse… Jamais je ne poserais sur un mur de brique, de pierre, pour moi cela reste des éléments naturels… (Pour des vieux murs plein de matières, je préférerais les graver… pour ne pas gâcher le coté ancien, en tout cas, s’il est vierge.)





Leïdyleï, R2Rien, Jow.L (pix Tat)


* Tu joues avec plusieurs supports, quels sont-ils ?


Il y a les toiles. Pour les exposer, je fonctionne par thème. J’ai fait deux expos sur les singes de la sagesse « ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal », une expo sur le thème de l’eau et là je suis dans les arbres !

Je créée aussi des bijoux, j'aime la transparence et les fils. Quand j'ai commencé à faire des bijoux, je me suis imaginée sur une île déserte. Je n'ai rien, juste un caillou et un petit bout de fils et je fais un truc ! Tout est fait à la main, pas de soudure, et certain sont multifonctions !

Il y a aussi la customisation de vêtements, j’aime travailler sur les tissus et notamment les chapeaux.


* Quels sont tes projets et tes envies par rapport à ton travail ?


Coté envies :

Mettre de la Nature dans la ville. Faire des arbres, des arbres partout, ça manque dans nos villes. Envie de décorer et de jouer avec le mobilier urbain, les poteaux électriques seraient les troncs d’arbres, qu’un jet de bombe fasse pousser des fleurs, dissimulées un peu partout dans notre environnement.


Coté projets :

Je prépare une expo de peinture sur corps, sur des femmes enceintes. Ça va prendre du temps, mais j’ai déjà entamé une série de dix peintures/photos. Des femmes enceintes de huit mois (ventre bien rond) en caleçon et soutien gorge, je peins le ventre et le visage. Une photo de femme enceinte, c’est intime, mais peinte, on ne te reconnaît pas et on peut la montrer, l’exposer même, c’est si beau une femme enceinte. Cela va prendre du temps parce que c’est au feeling, une rencontre, une vraie complicité.



Peinture sur corps, femmes enceintes (pix Leï)


Et après la fête de l'humanité, j’expose pour les journées du patrimoine du 19 au 20 septembre 2009, de 14h à 18h, au 14 rue Marie-Anne Colombier, à Bagnolet. Il y aura du graff, des toiles, des bijoux, des compositions florales. Et, à la même période, une autre visite possible au « Bal perdu », café au 2, rue Charles Graindorges, à Bagnolet.



Exposition 19 et 20 septembre : Atelier au 14, rue Marie-Anne Colombiers. Bagnolet

Exposition au café le "Bal perdu", 2, rue Charles Graindorges. Bagnolet



Flickr Leïdyleï

Myspace Leïdyleï



Interview et pix by Tat, sauf signalées.
Merci Leï ;)