31.8.09

LES CAMIONNETTES DE BELLEVILLE : session spéciale Djalouz, Polis et Caligr

Djalouz et Polis sont deux complices qui hissent la pratique gratis du graff sur tôle au rang d’art ! Il ne se sont pas privés de repeindre le camion de Mehdi, un gentil bonhomme de Belleville qui fait repeindre son camion depuis près de 20 ans par les graffeurs qui lui demandent…la tôle de son roulant a ainsi vu passer des centaines de bombes et cela n’est pas près de s’arrêter ! Si vous souhaitez admirer le rat Téléon de Djalouz et les délires bien colorés de Polis qui le décorent, rendez-vous sur le Boulevard de Belleville…

montage Chrixcel


La rat Téléon de Djalouz (pix Thias)

Face de Polis (pix Thias)


Le style tout en fléchages de Polis s'étend aussi aux voitures (pix Thias)


Une fusion Polis/Djalouz très réussie sur ce van situé dans le quartier de Ménilmontant (pix chrixcel)


pix Chrixcel

pix Thias

pix Chrixcel

C’est par l’entremise de Mehdi, qui connaît bien les maraîchers du quartier, que les deux compères trouvent leurs « plans camtars ». Dans un rayon de quelques mètres, on trouve d’autres camions aux teintes et formes caractéristiques...

Recto - pix Thias


Verso - pix Thias

Le Q du camion (pix Thias)


Un camion à 3 : featuring Caligr

Cette folie de la tôle graffée ne va sûrement pas s'arrêter là...nous veillerons donc à scruter les abords du marché de Belleville pour découvrir ces nouveautés sur roue, véritables oeuvres mobiles offertes à la rue.

Au passage, un article de Tecknikart très intéressant sur la genèse de la peinture nomade sur camtars ici.


Billet et pix Chrixcel sauf signalées -Polis si t'as des miens balance steup;) !

Flickr de Dja'louz
Fatcap de Caligr

24.8.09

ASTRO, ESTY, KANOS (ODV) : les copains d'abord (interview)

ASTRO, ESTY et KANOS (ODV crew) sont trois graffeurs du 95 qui fêteront bientôt leurs 10 ans de peinture. Pour préparer ça, leur actualité est au plus fort : ils n'arrêtent pas de mitrailler les spots de Paris et des environs chaque week-end, on les a vus sur de nombreux contests, jams ou festivals de l'été, leur toiles ont été exposées à plusieurs reprises cette année et, depuis quelques semaines, ils bénéficient même d'une couverture média conséquente pour leur concept de "cellograff"... En toute décontraction, on a pris l'apéro avec eux en branchant le micro. Et comme ces trois-là sont des bavards, une conversation pleine d'humour et de matière grise s'en est suivie pendant des heures. En voici quelques extraits (version complète de l'interview en basse def ou en haute def).

Depuis quand graffez-vous ?
ESTY : Depuis 2000.
KANOS : On a tous commencé il y a 10 ans à peu près mais je suis venu au terrain plus tard qu'eux.

Comment êtes-vous venus au graff ?
ESTY : Par le roller. Le graffiti et le roller, c'était un peu le même délire. Et puis des potes qui graffaient nous ont entraînés dedans.

C'est où votre coin au départ ?
En coeur : Villiers le bel, Arnouville, Gonesse… Le 95!
(...)

Parlez-nous un peu de votre crew commun, l’ODV...
ESTY : C'est GOUJAT et PIOR qui l'ont fondé en 2001. Nous, on l'a intégré après.
ASTRO : On doit être une vingtaine dans l'ODV et on fonctionne tous plus ou moins sur Paris et sa banlieue. À la base, on est des potes et ça reste un groupe de potes. Il y a même une fille, FENEK ! Quelques mecs sont rentrés au fur et à mesure, mais ça ne s'élargit pas trop. On préserve l'esprit 'bonne ambiance'.
(...)

Même si l’ODV ne "s’élargit pas trop", vous peignez souvent avec d’autres également…
KANOS : Surtout ASTRO parce qu'il peint tout le temps!
ASTRO : Quand je rencontre des gens sur un terrain, ça ne me dérange pas de peindre avec eux. Au contraire, je kif quand ça se passe bien. D'ailleurs, on se barre chaque été pour faire des connexions dans différentes villes de France.
(...)

D'où viennent vos blazes ?
ASTRO : Perso, je n’ai jamais réussi à comprendre. Je crois que je cherchais juste des lettres et j'ai bien aimé ASTRO parce que c'était facile à retenir.
(...)
ASTRO (pix Thias)


ASTRO (pix Tat)


Et toi KANOS ?
KANOS : Au lycée, on me surnommait 'chicanos' parce que j'ai des origines hispaniques. Je l'écrivais sur les tables de cours. Mais, à graffer, c'était vraiment trop long et je suis passé à KNS. Ensuite, c'est ASTRO qui m'a conseillé KANOS. Je l'ai pris et c'est resté. Mais je ne l'utilise pas vraiment. Tu ne trouveras pas de lettrage avec mon blaze et je ne tag plus beaucoup.

KANOS (pix Thias)



KANOS (pix Chrixcel)


(Les regards se tournent vers ESTY…)
ESTY : J'ai commencé à poser NEYA, puis ETIK avant qu'un mec me casse les couilles pour que je change de blaze. De toute façon, je m'en fous parce que je veux faire toutes les lettres. J'ai un blaze pour qu'on m'appelle autrement que par mon prénom. Mais ça fait au moins cinq ans que je n’ai pas posé mon blaze sur un mur.

Pourquoi ESTY alors ?
ESTY : Parce que chacune des lettres rentrent vers l'intérieur et ça permet de complexifier. Si tu prends un i par exemple, tu vas le complexifier difficilement. Mais bon, comme je te dis, je suis sorti de cet enchaînement de lettres… Si tu t'enfermes là-dedans, tu n'évolues plus trop après.
(...)
ESTY (pix Thias)


ESTY (pix Tat)


Comment vous êtes-vous rencontrés tous les trois ?
ESTY : Avec ASTRO, on faisait du roller ensemble depuis l'age de 12/13 ans.
ASTRO : Après le roller, on s'est mis au graffiti. ESTY, il en avait marre de se faire mal en roller... (rires)
KANOS : Moi, j'ai commencé à graffer avec GIZMO. On faisait des trucs nazes, des toys de merde. La connexion avec l'ODV, elle s'est faite petit à petit. J'ai d'abord rencontré ASTRO et on a fait quelques prods ensemble. Je faisais les persos et ASTRO les blazes. Du coup, j'ai mis le vandale de côté à partir de là. C’est aussi à ce moment là que je me suis rendu compte qu'il y avait des endroits où on pouvait se poser pour peindre tranquillement. Quand t'es jeune, tu fais du vandale parce que t'imagines que ça ! Tu ne sais pas qu'il existe des terrains...
(...)

Comment définiriez-vous votre style ?
ASTRO : Wildstyle! Et je regarde pas mal la calligraphie aussi.
ESTY : Moi, j'appelle ça "art nouveau".

ESTY, ASTRO (pix ODV)



ESTY, ASTRO (pix Chrixcel)


Vous deux (à ASTRO et ESTY), vous avez souvent composé vos pièces ensemble, une lettre chacun. Comment vous en êtes arrivé là ?
ESTY : On choisit des lettres qu'on aime bien. Tu peux avoir trois consonnes d’affilée parfois. La vérité, c'est qu'à la fin du lettrage, on ne sait même plus ce qu'il y a écrit…
ASTRO : En fait, on ne se pose même pas la question de ce qu'il y a écrit. C'est juste une envie de lettres sur le moment, selon la place et l'enchaînement. On ne cherche pas à écrire nos blazes. On s'en fout. J'ai déjà écrit des ASTRO. Et après ? Une fois que je l'ai fait, je vais tourner en rond combien de temps ?
(...)
ASTRO : Faut faire des lettres qui ne sont pas à toi, des g, des h, etc.
ESTY : En 2015, on va faire des lettres thaïlandaises! (rires)
ASTRO : J'aimerais bien. Ou des lettres indiennes aussi.
ESTY : Et des picto chinois!
KANOS : Vous deux, je vous verrais bien faire une esperluette un jour (ndlr: &).

Comment en êtes-vous venus à peindre tous les deux ensemble ?
ESTY : Il y a une fresque de mecs de Los Angeles que j'ai gardée en tête, où ils avaient fait une lettre chacun dans un même lettrage. J'avais déjà testé le truc avec AKSO, et un jour où il faisait moche, j'avais la flemme et je me suis dit que ce serait plus rapide si on faisait le truc à deux.
ASTRO : Mais au début c'était moche!
ESTY : Dans le graff, il y a souvent trop d'égo pour partager son truc. Tout le monde nous demande combien de temps on met à se mettre d'accord... En fait, on ne se concerte jamais. C'est freestyle total ! Moi je fais ma lettre et vas-y, je te passe la bombe et tu fais la tienne. On n'a jamais esquissé ensemble. Les lettres, elles se rencontrent et font des formes que jamais tu trouveras si t'es tout seul.
ASTRO : J'ai progressé grâce à ça. Au départ, je faisais toujours la même pièce, époque carrée. Je me sentais un peu petit par rapport à ce qu'ESTY faisait. Il écrivait déjà des wilds de fou et ça m'a obligé à me tortiller.

Vous vous mélangez si bien qu'on y distingue mal qui fait quoi...
ASTRO : Nos bases de lettres sont différentes.
KANOS : Vous avez chacun un répertoire de formes différentes, avec des masses plus ou moins importantes.

ASTRO, ESTY (pix Thias)


ASTRO, ESTY (pix Tat)


Et toi KANOS, tu sembles plus proche du dessin...
ASTRO : KANOS, il est plus dans la composition que nous. Il sketch tout le temps.
KANOS : Au départ, je faisais des bidules qui volent comme des éléments éclatés. Mais il manquait quelque chose. Alors j'ai cherché et j'ai sketché. Ces derniers temps, je pioche surtout des images d'anatomie.
(...)
ESTY : Ouais, mais t'as un style !
ASTRO : Le style à KANOS !
ESTY : Si on voit une de tes pièces, on reconnaît ta patte.
KANOS : Je ne sais pas si j'ai un style de graff... Je ne sais même pas si je graff.
ASTRO : Arrêêêêêête avec ça. C'est du graff.
KANOS : (virulent) Pourquoi ce serait du graff ? Parce que c'est fait à la bombe ? C'est une connerie. Tu prends un pinceau dans la rue et tu fais un lettrage avec contour sur contour… Même si t’as pas de bombe, c'est du graff !
ASTRO : Mais t'es dans la rue... (s'adressant au PGC : pffff, on a déjà eu des heures et des heures de débat la dessus).
ESTY : Quel est le rapport entre être dans la rue et faire du graffiti ?
ASTRO : Mais tu graff quand t'es dans la rue.
ESTY : Dans la rue, il y a le street art et il y a quelques différences. De toute façon, qui a la définition du graff ? Le graffiti, c'est un peu faire ce que tu veux. Il y a des règles implicites, mais si t'as envie de dire que tu fais du graffiti, tu fais du graffiti ! Personne ne prend une licence de graffiti et personne n'est là pour définir le graffiti. Ceux qui le définissent, ils le font de manière à être les meilleurs. Le mec qui fait du train, il va te dire que le graffiti c'est les trains. C'est son délire et, si tu fais du terrain, il t'exclue du truc.
(...)
KANOS : Si le graffiti c'est agir dans la cité avec mes bombes… Alors là, oui, j'en fais. Mais, pour moi, ça ne s'arrête pas à un truc cantonné.
ESTY : Je vais faire une analogie par rapport au roller : faire du roller c'est rouler sur des roues ou glisser sur des barres métalliques ? Parce que si tu ne fais que des slides, tu ne fais pas du roller ! Mais tu fais quoi alors ? Je ne comprends pas comment on peut s'enfermer quand on fait un truc libre.
(...)
KANOS (pix Chrixcel)


KANOS (pix ODV)


KANOS (pix Chrixcel)


Quelles sont vos motivations à aller peindre en rue et en terrain ?
KANOS : Déjà, quand tu prends en considération les contraintes qu'il faut pour peindre un grand truc comme sur un mur… tu ne le fais pas chez toi sauf à avoir un appart de ouf.
ESTY : Moi j'ai une réponse plus perso. Si tu te démerdes bien, tu fais un passage de 80 ans sur Terre. Et, quand tu veux laisser quelque chose (...), de l'ordre de l'idée, ça se passe devant les gens dans la rue. Tu communiques avec eux visuellement. C'est d'abord une façon de laisser du physique, puis ça se transforme en quelque chose de non palpable, d'intemporel. Donc on peint sur mur, parce que chez toi, personne ne le verra de toute façon. Ou alors il faut faire des expos mais ce n'est pas mon délire. Par exemple, si quelqu'un passe dans la rue et n'aime pas ce que je fais, je vais lui dire que je fais ça dans un esprit positif, et que ça lui donne l'occasion de discuter avec moi... T'existes quand même rarement en restant chez toi.
KANOS : C'est quand même exutoire le graffiti ! C'est un peu le sport du dimanche...
ESTY : Ce n'est pas vrai. Il y a quoi d'autre qui te caractérise pour les gens ? Qu'est-ce que tu laisseras de toi aux autres?
KANOS : Mais tu penses pas forcément à ça quand tu peins. C'est quand t'entames une réflexion sur ce que t'as produit que tu te dis ça... Mais quand tu pars en terrain, tu ne te dis pas "Je vais laisser une trace au monde". (rires)
ESTY : Ouais, c'est vrai (...), mais quand tu graff, tu crées un truc inutile du point de vue économique et, du coup, les gens pensent que ça ne sert à rien. Ben non, ça sert déjà au moins à créer de l'inutilité! Les juges, ils vont te dire "Mais pourquoi vous avez fait ça ?". Ils ne comprennent pas. Ils disent "Putain, il n'a pas fait un truc concret dans un but lucratif qui s'insère dans une structure économique"... Ils trouvent ça impensable! Les gens, ils te demandent tout le temps si c'est la mairie qui a demandé ça. Mais non, c'est juste un délire perso.
KANOS : D'où l'enjeu d'expliquer aux gens ce qu'est le graff, le tag, etc. C'est un ensemble. Les gens en aiment une partie et pas l'autre. On connaît tous ce débat de la mamie qui dit "J'aime pas les tags mais les fresques, c'est joli".
ESTY : C'est compliqué d'expliquer aux gens que là, ouais, j'ai cartonné un train et là, ouais, je te fais une belle pièce.
KANOS : Le truc que ça soulève, c'est l'esthétisation des pièces versus le subversif. Soit tu défonces la propriété personnelle et tu t'attaques au symbole du capitalisme, soit tu fais une espèce de truc qui n’est plus du tout subversif... Nous, en terrain, on est plus du tout subversifs parce qu'on s'attaque à des murs qui sont faits pour.
ASTRO: C’est vrai qu’on peint dans des endroits dont tout le monde se fout.

ASTRO, DCEN (pix Thias)



Comment choisissez-vous vos spots ?
ESTY : Perso, j'aime bien venir sur Paris. C’est là qu’on croise du monde.
(...)
KANOS : Au départ, t'es content de peindre dans des spots planqués où tu sais que personne ne viendra. C'est bien quand tu commences, mais bon... Au bout d'un moment tu t'ennuies et tu cherches des spots où tu peux rencontrer du monde.
ESTY : C'est comme ça qu'on rencontre plein de graffeurs.

Plus que les trains ou les friches, vous peignez donc surtout en terrains ?
ASTRO : On cherche surtout des endroits qui restent cools. Les voies ferrées, ça peut arriver aussi mais c'est rare.
ESTY : À un moment donné, faire du sursis pour de la peinture est insensé. Quand tu fais de la peinture, c'est pour être libre, surtout dans le graffiti qui n'est pas régi par des règles. Alors, si c'est pour finir enfermé entre quatre murs...

ESTY, SAÏR, ASTRO (pix Chrixcel)



Est-ce que vous aimeriez que la pratique du graffiti soit un peu plus tolérée ?
KANOS : Les politiques qui se posent la question doivent se dire "C’est déjà assez la merde comme ça, alors si en plus on lâche un peu la pression, ça va être pire..."
ESTY : De toute façon, on a beau être au pays des Lumières, je pense qu’on est tous pris en photo par les RG.
ASTRO : Les politiques ne prennent pas du tout ça comme de l’art à la base. Il n'y a rien à exploiter avec nous. Tu ne fais pas de la thune, donc tu ne sers à rien.

Est-ce que vous aimeriez gagner votre vie avec la peinture, le dessin, le graffiti ou la graphisme ?
ASTRO : Le grand kif, ce serait de vivre de tout ça, c'est sur. Chaque semaine, j’ai qu’une envie, c’est d’être le week-end et peindre.
KANOS : Attention, je suis graphiste à côté et je pense que ça n’a absolument rien à voir avec le graffiti... Enfin si, ça a un peu à voir parce que c’est un ensemble et que mes pratiques du graff et du graphisme se mélangent à un moment donné. Mais quand t’es graphiste, tu vends pas vraiment du graff… Pour bouffer, tu vends la merde que le patron te demande !
ASTRO : Ouais, mais ce serait quoi ton vrai kif ?
KANOS : Mon vrai kif, c’est autre chose...
ESTY : Ce serait vendre des toiles, non ?
KANOS : Ben ouais, c'est sur. Mais c'est un lieu commun chez les graffeurs de vouloir vivre de sa peinture...
ASTRO : Moi, ce n’est pas vraiment des toiles que j’aimerais faire dans l’idéal.
KANOS : Ah ouais ? Ce serait quoi alors ?
ASTRO : Faire des murs, partout.
ESTY : Moi, ce serait de faire les deux. Le truc, c'est qu'à force de rencontrer des gens qui sont dans le graffiti, tu ne veux plus faire que ça. T'as plus envie d'aller faire ton taf à la con. Alors oui, j’aimerais vivre un minimum de ma peinture, mais pas parce que je pense le mériter, juste parce que je n’ai pas envie de faire autre chose. À un moment donné, t'en as marre de te lever tous les lundi pour aller au taf et vendre des trucs qui t'intéressent pas. Des fois, j'essaie de vendre une toile et d'être un peu pragmatique. Pas trop quand même parce que sinon tu t'y perds.

Toiles d'ESTY et ASTRO (pix Thias)



Toile de KANOS (pix Thias)


Vous avez tout le temps envie de peindre ?
ESTY : Surtout, je n’ai pas envie de gâcher ma vie en faisant un taf dont je me cogne. Mais ce n’est pas facile de sortir du système! Quand tu vois des mecs à la téloche dire "Ouais j’ai tout lâché pour faire un tour du monde"… Franchement, respect. Parce qu'ils ont les couilles de s'échapper du truc alors que leur daron leur a pris la tête toute la vie en leur disant "Me fous pas la honte et trouves-toi un job"! Pourquoi je ne fais pas de turpein toute la journée ? Parce que si j’arrête mon job, ma mère va devenir blanche ! J’ai une famille derrière et si je fais ça, ils vont craquer.
KANOS : Tu crois que c’est le seul truc qui t'empêche d'avoir une vraie vie de peinture, de ne pas être un mec "à la nique la vie" qui dort dans les métros ?
ESTY : C'est débile mais faut vivre dignement.
(...)

Et comment vous réagissez au toyage vandale de vos pièces ?
ESTY : On fait un effort pour gérer nos égos. Moi perso, la violence et embrouiller les gens, ça ne me fait pas marrer. Si je commence à embrouiller un mec pour de la peinture, c’est qu’à un moment j’ai peut-être raté le coche sur un truc… Je fais de la peinture pour être cool. Si j’en arrive à mettre des droites à des gens pour ça, ce serait comme revenir 10 ans en arrière. Après, c'est chacun son délire, mais c’est pas notre vision.
(...)

Est-ce que vous avez des sources particulières d'inspiration ? Quels sont les artistes qui vous influencent ?
ESTY : Les arbres, les nuages, MUCHA, les bagnoles, plein d'autres trucs...
ASTRO : Les lettrages à l’ancienne. Et ESTY aussi. ESTY, il m'inspire beaucoup (rires).
KANOS : Je vais te dire des noms un peu classique à la LOKISS, ou alors des mecs comme LEK, ANTISTATIK, etc., qui font des trucs tarés. Pour moi, ils ont apporté et apportent de la fraîcheur au graffiti. J'espère aller vers ça aussi.
ASTRO : Les mecs qui font des trucs aboutis, qui ne lâchent pas et qui ne font pas tout le temps la même chose.
KANOS : Je ne suis pas vraiment d’accord avec ce truc, d'être opérationnel dans plein de domaines, de savoir faire du flop, du lettrage, du perso, du machin, etc...
ESTY : Ouais, mais il faut savoir être ouvert d'esprit. Moi, je suis un intégriste de l’ouverture d’esprit. Je considère que si tu rentres dans une passion pour finir plus obtus que quand t’es rentré... c’est que tu n’as pas tout compris. Quand tu t’intéresses à un domaine, tu t’intéresses à tout ce qui converge dessus.
KANOS : Oui, mais il y a des gens qui vont vivre ce truc d’intégrisme d’ouverture comme de l'autoritarisme si on leur disait "Change tout le temps, fais un truc différent tout le temps".
(...)
KANOS (pix Thias)


ASTRO, ESTY (pix Thias)


Ces derniers mois, vous avez exposé des toiles à plusieurs reprises. C'est nouveau pour vous de montrer vos productions sur toiles ?
ASTRO : J’avais quasiment jamais exposé mes toiles jusqu’à présent, mais c’était pas le cas pour ESTY et KANOS je crois.
KANOS : Ouais, j’avais déjà exposé des trucs à Lille et à Paris dans le cadre de mes études de Beaux-Arts. Mais, c’était plus du graphisme que du graffiti. Mes toiles, ce sont sur ces dernières expo que je les ai vraiment montrées pour la première fois.
(...)

Vous avez d’autres projets ensemble ?
ASTRO : Chaque été, on fait un tour en France. On prend la voiture et on se barre.
KANOS : La Seat Cordoba, on l'a bien ruinée d’ailleurs.
ASTRO : On se dit qu’on doit faire le plus de turpein possible, une semaine ou 2 non-stop et ça nous rebooste. On a une connexion quelque part, on rencontre des gens, et ça nous donne envie de continuer. On a été à Poitiers, Bordeaux, Toulouse, Perpignan… On rencontre des types avec qui on s’entend vraiment bien et qui deviennent même des potos parfois.
KANOS : ASTRO, il prépare ça comme un petit chef.
ESTY : Ouais, c’est ASTRO tour operator! (rires)
ASTRO : Sinon, on est sur un projet avec un poète qui écrit des trucs assez torturés. Il a vu nos toiles et il nous a demandé d'illustrer son bouquin. KANOS fera aussi la mise en page.
KANOS : Il y a une trentaine de poésies. On va faire une dizaine de dessins d’illustrations chacun. Mais ce n’est pas pour tout de suite…

Vous avez également lancé un concept qui consiste à peindre sur des murs de cellophane que vous accrochez au mobilier urbain. Le cellograff (!) Comment l'utilisez-vous ?
KANOS : Tout a commencé en 2006. Avec un ami, nous cherchions à connecter du mobilier urbain pour obtenir différents volumes, une façon de mettre une peau pour créer de nouveaux objets dans la ville. On a commencé avec du scotch pour finir au cellophane. On avait fondé le "Poétiquement correct" autour de ça, un collectif qui cherchait à agir dans l'urbain sans dégradation (...)
Avec ASTRO, on a décidé de réinvestir l'idée et de l'appliquer cette fois à notre discipline car, pour les graffeurs, le problème du support est au cœur des préoccupations. Par le biais du cellophane, on peut amener le graffiti sur les quais de Seine, devant la Tour Eiffel, etc. Sans dégrader, sans détruire, sans dissimuler d'autres signes.
Les réactions des habitants et des touristes sont intéressantes et positives. La propreté de Paris nous a expliqué que, tant que nos cellos sont debout, ils les laissent. La Bac en civil est venue nous féliciter et discuter un peu avec nous. Un pompier nous a même demandé s'il pouvait prendre quelques photos... Les services publics sont pour le moment très accueillants avec cette idée. Pourvu que ça dure...

Session cello Tour Eiffel : KANOS, ASTRO (pix Chrixcel)



Session cello Tour Eiffel : KANOS, ASTRO (pix Tat)



Session cello Quai de Seine/Notre-Dame : KANOS, ASTRO (pix Tat)


Session cello Quai de Seine/Notre-Dame : KANOS, ASTRO (pix Thias)


Session cello : KANOS, ASTRO (pix Tat)


Pour finir, c’est quoi votre mur idéal ?
KANOS : Long et haut!
ASTRO : Un mur où le graff flotte complètement, comme sur un toit
ESTY : Un mur de 4 m de haut, plat et qui fait le tour du monde!

Dédicaces
Desy Goujat Pyor Raon Kenya Yabz Rev Jiraf Meknes Rekar Rebane Skule Yank Skofe Ramses Ynot Rive Akta Tonice Katre Wodka Bros Gamer Sair Sozn Some Exode Idas Zobi Deace Hash Mirk Gizmo Nels Ank Sane2 Mirouf Wist Olson Jokao Tao Lys Efas Seba Dams Kryo Jasoner Asek Wast Mayer Sekr Smile Etyk Comer Chelmi73 Nean Moga Hers Mect Fenek Jeab H5N1 Crapo Social Gemo Ecraz Smerg Cuba Ols Meha Eose Haribo Bore Vizion Kiwax Vitostreet Behy Tact Signo Syr San Does Fan77 Skaye Persu Legz Startape Akso Slote Famous Marksor Jen Bakus Zeapo Mast Ser Weeno Sedu Keynes Nothing Schuck2 Neac Apache Wuna Coquil Esper Rafe R.V. Marco Thias Tat Chrixel Slim Boeze Hope Pou7 Dcen Hobite Nest Noya Sadick Esk Rimek Skpad Timston Teabone Bwexo Fakir Termik les indos et tous les p’tits cheviols du diable. ODV SPC NMI DKA OnOff DobiStyle HEC RSC MFK OCT VTP CFE ACK TER OMT 3GC JDZ

KANOS (pix ODV)



ASTRO avec finition d'ESTY (pix Thias)


KANOS (pix ODV et Tat)


Esty par ASTRO (pix Tat)


KANOS (pix ODV)


Cellograff Introduction


CELLOGRAFF l'introduction
envoyé par iKanoGrafik. - Regardez plus de courts métrages.


Cellograff Part 1


Cellograff part1
envoyé par iKanoGrafik. - Films courts et animations.


A suivre...

Billet by Thias. Propos recueillis par Thias, Tat et Chrixcel (PGC crew)
Le MySpace, le Flickr et le Fotolog de ASTRO
Le MySpace et le Fotolog de ESTY
Le site, le Fotolog, le Flickr et le Dailymotion de KANOS
Le pool ODV crew sur Flickr

3.8.09

Expo "400 ml"

400ml ? C'est la contenance standard des bombes de peinture qu'utilisent les graffeurs.
De ces bombes dont les couleurs égayent la grisaille de nos murs....



By Aorta (Croatie)

Alors, lorsque un sympathique collectionneur, Gautier Jourdain, se met en tête de leur rendre hommage, il ne fait pas les choses à moitié !

En amoureux du street art, il demande à 400 artistes du monde entier de customiser chacun une bombe !



By C3PO (USA)

Peintes, éventrées, broyées, lacérées, tricotées.... j'en passe et des !!
Les artistes s'en sont donnés à coeur joie pour embellir, détourner ou maltraiter leur principal outil de travail !



By SatOne (Allemagne)


En tout, 400 oeuvres uniques présentées après plus de 2 ans de patience pour les réunir toutes.



By Lenz (France)


Une première expo, largement médiatisée, avait refusé du monde en Novembre 2008 à la Maison des Métallos.

L'expo a recommencé durant 15 jours ce mois de juillet, toujours au même endroit, dans le cadre de l'excellent festival "Quartier d'été".



By Wormo (Indonésie)

Pour se faire plaisir, quelques bombes d'artistes que le PGC connait bien...

Et après, je vous passe les 300 bombes que j'ai pu shooter... (mais nan, j'déconne !)



By Astro

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By Epsylon Point

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By Ezty

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By Jana Und JS

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By Pisa 73 (Ctink)

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By Seize

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By Sun7
(qui expose actuellement à l'espace Louis Vuitton et dont un graff géant est visible au Point éphémère)

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By Teurk

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By Mimi le Clown

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Ce jour-là aussi, Paella faisait une démonstration de sérigraphie et offrait ses oeuvres aux visiteurs



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D'autres bombes remarquables...



By Manola (France)

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By Murphy (Espagne)

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By Tierit DM (France)

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By Twopy (France)
sous la bombe est écrit "Ouf ! mon train est toujours en retard"




En association avec le M.U.R.

300 bombes également à voir en album Flickr

"400 ml" existe aussi en monographie, aux Editions Kitchen 93


Texte et photos by Paris-émoi